Trois mois après… Trois moi que j’ai rejoint la ville de Lyon dans le but d’y vivre une nouvelle expérience. De retour chez moi dans la Meuse pour une semaine, c’est le moment propice pour prendre du recul et faire le point sur ma vie actuelle.
L’expérience de la colocation n’est pas aussi facile que je le pensais. Mon coloc a de lourds soucis de santé, et je ne vois peu d’améliorations malgré un contexte de vie différent. Toute fois, la situation ne me semble pas pire qu’avant non plus. Disons que ça stagne. Il y a encore trop de paramètres négatifs, d’éléments perturbateurs qui entrent en jeu dans sa vie, à mon avis. Est-ce trop tôt pour constater ? Faut-il encore laisser passer du temps pour permettre aux choses d’évoluer ? Trois mois c’est peu en définitive.
De mon côté, je m’acclimate doucement à la ville. Dans mon premier article, j’étais en quête d’un lieu pour me ressourcer mais là où je suis il n’y a pas grand chose à voir, à part des gratte-ciels. Je n’avais pas ma carte de transport et quelques difficultés à acheter des billets de métro. Les choses ont bien évolué de ce côté même si je n’ai toujours pas ma carte, les promenades en ville sont désormais l’une de mes priorités tellement elles me font du bien. Le coeur de la ville regorge de coins et recoins à explorer. J’aime particulièrement les pierres, les églises, les ruines, tous ces lieux dont la mémoire est ancrée. J’aime ressentir et écouter ce qu’ils ont à me dire. J’apprécie beaucoup l’art et l’architecture – sans rien n’y connaître – et tout ce qui est insolite, sort de l’ordinaire pour le plaisir de regarder, d’observer, de m’émerveiller. J’ai d’ailleurs le projet d’investir d’ici peu dans un bon appareil photo pour m’adonner à l’art de la photographie, ce dont je rêve depuis longtemps. Parfois, je joue à faire une marche de vision. La ville devient alors mon grand terrain de jeu. J’aime la ville, j’aime m’imprégner de son histoire, de l’art et de son côté ésotérique mais je n’y passerai pas ma vie.
La nature me manque beaucoup et c’est pourquoi il me faut faire régulièrement des coupures et repartir chez moi dans la Meuse – bien que je ne me sente pas à ma place dans cette région, les vestiges de la guerre 14/18 sont très présents, je n’aime pas l’énergie qui y règne et qui est entretenue par « devoir de mémoire ». Je n’aime pas non plus le climat ni le fait d’être confrontée à mon passé. En fait, s’il n’y avait pas ma mère, mes chats et ma meilleure amie je crois que ça ne me dérangerait pas de ne plus y mettre les pieds. Malgré tout, la nature est très présente, propice au ressourcement. Au calme, loin de mon quotidien, je prends du recul sur la situation et accueille de nouvelles idées, des solutions pour nous faciliter la vie et poursuivre l’expérience de la colocation.
Ce n’est pas facile de tout gérer. Le quotidien de mon coloc est orchestré par la maladie et les différents protocoles qu’il met en place, ne laissant peu ou pas de place au plaisir et à l’imprévu. De mon côté je ne sais faire autrement que de vivre au jour le jour, au ressenti où il m’est difficile de programmer, planifier quoique ce soit. Autant je peux avoir des routines dans des actions bien précises telles que certaines tâches quotidiennes, autant je peux être très imprévisible et me décider d’un seul coup à faire quelque chose, à partir quelque part parce que je sens que c’est le moment d’y aller. J’avoue que pour celui qui est en face de moi, il n’est pas toujours évident de me suivre.
Paradoxalement, je me repose beaucoup plus depuis que je suis à Lyon. Je me suis alignée sur le rythme de sommeil de mon coloc bien que me couchant un peu plus tard que lui, je ne joue plus à la noctambule toutes les nuits – sauf en cas de pleine lune – et je me lève plus tôt. Malgré cela, je sens que j’ai besoin de beaucoup d’heures de sommeil et j’ai vite fait de m’épuiser nerveusement. Comme la plupart d’entre-nous, j’ai le système glandulaire HS et il faudra encore du temps, du repos, du soleil… pour le régénérer. Auparavant, je me maintenais en éveil à coups de stimulants. Pour certains ce sera la café, pour moi c’était le chocolat. Toutes les nuits, j’avais besoin de mon chocolat chaud en guise de goûter nocturne en plus du goûter de 4h. Depuis que j’ai stoppé tout stimulant quotidien, je sens à quel point je suis profondément fatiguée. Je ne parle pas d’une bonne fatigue physique, celle où on s’endort à peine la tête posée sur l’oreiller. Cette fatigue qui, satisfait de ta journée, te pousse agréablement dans les bras de morphée. Non, moi je parle de cette fatigue nerveuse, celle qui t’empêche de fermer l’œil malgré la sensation d’épuisement, celle qui te met à plat sans même avoir fait d’effort, celle qui fait que tu ne supportes rien, ni les bruits, ni les mouvements autour de toi, celle qui te fait cogiter des heures avant de tomber dans le sommeil et qui te laisse sans énergie au réveil.
Les périodes où je me sens bien et où je suis en forme physiquement et nerveusement, j’arrive à gérer le quotidien sans trop de difficulté, soit le ménage, les courses, mes repas, mes différentes activités en parallèle de celles de mon coloc. J’arrive par exemple à passer outre le fait qu’il cuisine de la viande, d’être confrontée aux odeurs et parfois à la vue des carcasses et du sang. C’est vraiment quelque chose qui n’est pas facile pour moi même si je sais que c’est pour sa santé. A l’époque où nous avons eu ce projet de colocation, il ne mangeait plus de produits animaux. Sans cette condition, je ne sais pas si j’aurais accepté la colocation. Depuis, il a intégré les bouillons de poule dans son alimentation, entre-autre. Même si je respecte totalement son choix, lorsque je suis plus fatiguée, plus sensible, pas au mieux de ma forme, j’en arrive à avoir la nausée et crée des blocages à l’intérieur de moi. C’est également cela qui m’empêche de lui proposer plus souvent mes services pour l’aider à préparer ses repas et parfois aussi de nettoyer la cuisine. Il suffit d’un grain de sable – moment de faiblesse, imprévu, souci d’argent – pour que le quotidien devienne vite ingérable, que je me sente dépassée, et que je me réfugie dans ma bulle pour n’en sortir qu’au bout de plusieurs jours.
Je ne suis pas quelqu’un de maniaque, loin de là au contraire…. mais j’aime tout de même que les lieux soient propres, agréables à regarder, qu’on est l’envie d’y vivre, qu’on s’y sente bien. De plus, en bonne Balance que je suis, le beau, l’art, l’esthétique comptent beaucoup pour moi. En fait, je me rends compte que cela a une importance capitale. J’aime mettre une touche artistique, de beau dans tout ce que je fais, même si ça passe totalement inaperçu aux yeux de l’autre, je le fais avant tout pour moi parce que j’aime ça. J’aime lorsque les choses sont belles et harmonieuses. Tout objet est choisi autant pour son utilité que pour son apparence et sa qualité. J’aime les matières nobles, naturelles, j’adore le bois, je hais le plastique. Je suis également assez écolo, j’ai horreur du gaspillage et de tout ce qui est jetable. Ce qui est naturel chez moi, ne l’est pas chez mon coloc, ce qui n’est pas toujours évident à gérer pour moi. Sachant bien que ce n’est pas sa priorité, je pense qu’il me faut prendre les choses en main. Jusqu’à présent, je n’osais que très peu m’imposer, ne souhaitant davantage le perturber, lui qui a déjà assez à faire dans son quotidien. Mais pour moi, certains choses ne sont plus vivables et je vais devoir y remédier.
Jusqu’à maintenant, j’étais coincée par le manque d’argent. Je ne pouvais rien acheter, rien investir pour améliorer le quotidien, ne serait-ce que quelques objets comme des crochets pour pendre les torchons dans la cuisine, des produits naturels pour remplacer les produits d’entretien chimiques qui me provoquaient des allergies. Je n’aime pas non plus acheter n’importe quoi, n’importe où. Et l’un des premiers constats que j’ai fait en arrivant en ville : les 3/4 des magasins vendent de la merde, soit des gadgets qui ne servent à rien soit des trucs utiles certes mais jetables dès la première utilisation. Malgré l’abondance, trouver l’objet parfait n’est pas si aisé que ça en a l’air…. J’ai récemment eu une bonne rentrée d’argent qui m’a permis d’investir dans quelques achats utiles me permettant d’aménager la salle de bain et ma pièce à moi. Mais c’est loin d’être terminé et il me faut réfléchir à d’autres investissements facilitant mon quotidien et celui de mon coloc alliant utilité, qualité, beauté et respect de l’environnement.
Ce qu’il me faut mettre en place dans les semaines à venir :
– Trouver une meilleure organisation dans les tâches ménagères et aider mon coloc dans la gestion et dans la préparation de ses repas.
Le pauvre, je sens qu’il est dépassé par ses courses, par la gestion et la préparation de ses repas. Il y a beaucoup de gaspillage de son côté et beaucoup de son temps passe dans les préparations de ses repas. Jusqu’à présent, j’avais du mal à proposer mon aide, préférant qu’il me sollicite plutôt que de m’imposer mais je sens que je vais devoir m’impliquer d’office : l’aider à ranger ses courses, trier ses placards & frigo, vérifier ce qui est encore bon, l’aider à éplucher ses légumes et à préparer son manger – sauf pour ce qui est de la viande -, nettoyer, faire sa vaisselle lorsque je vois que cela est nécessaire. Une meilleure organisation au sein de la cuisine nous facilitera la vie à tous les deux.
Il me faut également mettre en place le tri sélectif. Jusqu’à présent, il n’est fait que partiellement. Sachant que ce sont des gestes tout simples à mettre en place, je vais faire en sorte que cela passe dans les habitudes quotidiennes et ainsi éviter que des pieds de cochon ne se retrouvent dans la poubelle jaune !
J’aimerais arriver à réduire les déchets. Mon coloc est un grand consommateur d’essuie-tout. Moi pas du tout fan de ce qui est jetable. Je souhaiterais aussi à terme trouver une solution pour recycler les épluchures…. mais bon, ce n’est pas prioritaire pour le moment, même si ça me titille fortement.
– Poursuivre l’aménagement de l’appartement et me créer un petit cocon douillé.
Faciliter le quotidien dans les pièces communes : cuisine, salle de bain, toilettes. Laver le tout une fois par semaine pour que ça reste toujours propre et agréable à vivre et continuer à trouver des solutions d’aménagement.
Je n’ai pas terminé de personnaliser ma chambre, et j’ai encore quelques achats à prévoir : des tentures pour mettre au mur, un coussin de yoga pour m’asseoir à mon bureau – ma table basse me servant de bureau. Peut-être également trouver un petit meuble bas pour ranger mes vêtements que je stocke jusqu’à présent dans des cartons de bananes. Ma chambre est minimaliste et je me plais ainsi mais il manque encore deux ou trois petites choses pour qu’elle soit parfaitement fonctionnelle.
Il faudrait également apporter une touche de gaieté dans l’appartement. L’ambiance est assez triste je trouve. Pourquoi ne pas mettre un fond de musique zen, des mantras, y mettre un peu de couleurs….. je n’ai pas encore réfléchi à cela mais je vais le faire.
– Repartir une fois par mois dans la Meuse.
Les coupures sont importantes. Ma mère étant venue me rendre visite au mois de mars, je n’étais pas repartie depuis février, soit deux mois. Deux mois privée de nature, deux mois sans rouler sur une route de campagne à travers les champs et les forêts. C’est en prenant le train et en découvrant les paysages que je me suis rendue compte que j’avais loupé l’éveil de la nature que nous offre la saison du printemps.
Pour maintenir une bonne énergie, il est donc primordial que je quitte la grande ville une fois par mois pour me ressourcer, prendre du recul et faire le point.
– M’adonner à des activités que j’aime.
Je me sens actuellement trop fatiguée pour m’adonner à ma principale passion : les sciences et arts occultes. Je pratique le Tarot mais cela me demande beaucoup d’énergie et je ne me sens plus apte à proposer mes services pour le moment. Je mets de côté pour un temps et me consacre à ma régénération. Malgré tout, je ne peux complètement fermer la porte à ces domaines qui font partie de mon quotidien. Je les maintiens à distance le temps de retrouver une bonne santé sans quoi je risque d’y plonger cœur et âme, et de négliger le corps et la matière comme j’ai pu le faire auparavant. Pour s’adonner à de telles activités, je pense qu’il faut savoir maintenir un bon ancrage et une bonne forme physique sans quoi il est facile de se perdre.
Il faut tout de même que je consacre du temps pour faire des choses que j’aime et pour prendre soin de moi. Avant tout, faire des pauses lectures et méditation dans la journée. Je suis actuellement en train de lire un roman « Les dieux voyagent toujours incognito » , ça faisait super longtemps que je n’avais pas eu le plaisir de lire un roman, soit un livre qui soit autre qu’un livre pratique ou d’enseignement, un livre permettant de s’évader, sans se prendre la tête. Oui, faut que je me remette à lire des romans !
Comme dit plus haut, j’aimerais me lancer dans la photographie et je voudrais aussi me mettre au sport ! Deux activités qui me permettront de me défouler et de me déconnecter du quotidien. La photo pour le côté artistique, le fait d’aimer jouer avec les matières, les couleurs et le sport parce que j’ai grand besoin de fatigue physique et parce que je veux remodeler mon corps.
En bref :
– Aider mon coloc dans ses tâches quotidiennes
– Imposer davantage ma manière de vivre (écologie, qualité de vie….)
– Continuer d’aménager l’appartement et le maintenir toujours propre
– Faire entrer la joie
– Aménager et décorer ma chambre
– Me ressourcer une fois par mois en Meuse
– Lire et méditer
– Acheter un appareil photo
– Me mettre au sport
Tout est désormais plus clair dans ma tête. Je suis arrivée en Meuse la semaine dernière, fatiguée, les traits tirés, ne pouvant plus rien avaler sans avoir la nausée. J’ai mis quelques jours à récupérer mon énergie. Un gros fou rire m’a permis de me dénouer – imaginez que vous êtes à un concert, dans une église. Au lieu de vous mêler à la foule, vous vous trouvez un coin tranquille, sur le côté, au premières loges. Vous êtes dans l’ombre mais vous avez une vue directe sur la scène. Derrière vous, des statues : Jeanne d’Arc, la Vierge Marie, en face de vous, l’Archange Michaël. Tout à coup, une pensée vous vient à l’esprit…. mais les statues, elles en pensent quoi de ce qu’il se passe sous leurs yeux ? Sont-elles ravies ? Importunées ? Jeanne d’Arc et Marie, la main sur le coeur semblent être émues et reconnaissantes de ce spectacle. Un peu plus loin, une statue lève une baguette. Se prend-elle pour le chef d’orchestre ? Deux anges admirent la scène. Quant à l’archange Mickaël, il n’écoute que d’une oreille, trop occupé à maîtriser son dragon. Mon délire s’est terminé par un fou rire interminable….. Le soir même, je n’avais plus de nausées et je retrouvais l’appétit. L’humour, la dérision, les délires, la joie….. c’est cela aussi qu’il manque à l’appart.
Je repars demain, avec de nouvelles idées en tête qui j’espère permettront de bousculer et de faire avancer notre « colocation régénère »….. On y croit !
À la prochaine !