Il y a deux ans, j’arrêtais la randonnée après 20 ans de marche avec le même groupe. J’ai commencé toute jeune, j’avais 8 ans. J’adorerai tellement ça. A la maison, c’était un peu notre unique moyen d’échapper à un quotidien fortement anxiogène. On allait « recharger les batteries ».
J’aimais les montagnes et ses magnifiques paysages, l’air de la forêt, l’odeur des sapins, manger sur l’herbe, sur des gros cailloux où dans une cabane les jours de pluie, dormir dans un refuge des amis de la nature…
J’aimais aussi la bonne ambiance du groupe, les partages, les déconnades dans les dortoirs à l’heure du dodo… Tout le monde se lâchait, un peu trop parfois.
Physiquement, je devais fournir beaucoup d’efforts pour suivre le rythme. Ma santé n’était pas au top, je souffrais de maux de tête avec accentuation à l’effort ou à la chaleur, de douleurs articulaires à la hanche et au genou, des difficultés respiratoire dues aux diverses allergies, éternuements, conjonctivites… Seulement, à cette époque-là je raisonnais en terme de souffrance/récompense. Plus je souffrais, plus j’imaginais en tirer de bénéfices.
J’emportais aspirine, cortisone, somnifères, sérum physiologique, huiles essentielles… J’avais beaucoup de difficulté à m’endormir. J’angoissais à l’idée de passer une nuit blanche et je m’assommais à coup de cachets.
Au fil du temps, ma vision des choses a évolué. Bien que j’aimais toujours ce moment de partage et de nature, je ne voulais plus souffrir inutilement. Les randos se complexifiaient d’années en années tandis que j’aspirai à moins d’efforts pour plus de contemplation et de présence à soi. En parallèle, j’ai commencé à changé mon mode de vie. Je ne me sentais plus en accord avec le groupe tant sur le plan alimentaire que sur la vision de la vie. J’étais en recherche de quelque chose de plus spirituel.
J’ai continué les randonnées parfois un peu à contre-coeur jusqu’au jour où je me suis tordue la cheville et déchiré les ligaments. Premier accident en presque 20 ans, signe que je ne devais plus m’imposer cela. Je me suis promise d’arrêter.
Après deux années (seulement) de pause, je n’ai pas pu résister à l’appel du Haut-Koenigsbourg mais à une condition : je ne m’impose quoique ce soit qui me fasse souffrir quitte à passer pour la fille chiante et bizarre. Ayant encore évolué sur le plan alimentaire, j’ai eu très envie d’expérimenter cette fois-ci la rando en mode frugivore.
J’ai profité que nous n’étions très peu nombreux pour faire cette expérience, car habituellement les tentations sont grandes entre le traditionnel couscous de Jean-Pierre, la mirabelle de Denis… Chacun apporte sa « spécialité » et « Tiens vas-y, goûte-moi ça ! »
Ma rando en mode frugivore :
En voiture la veille, j’ai très peu mangé : un jus vert tout au long de la journée, des fruits et de la salade le soir. J’ai débarqué au refuge avec mes gros cartons de fruits, j’ai prévu beaucoup trop par peur de manquer. Comme c’était une première je n’ai pas su évaluer mes besoins mais c’était plutôt drôle. Je m’étais préparée aussi de la salade (je suis fan de mâche et de roquette en ce moment), quelques crudités, des petites bouteilles de Quinton/spiruline et des jus du dodo (pomme/céleri/ashwagandha).
1er jour :
Pas de petit-déjeuner hormis quelques myrtilles (à chaque fois que je me suis laissée tentée par un petit-déjeuner de rando typiquement gargantuesque, je l’ai vite regretté quelques heures après !)
Départ à 10h : Remarque, mon sac est drôlement plus lourd que d’habitude…
Pause de midi : deux oranges et un pamplemousse (jusqu’à satiété), les salades de riz aux lentilles et les sandwichs au fromage ne me donnent pas envie. Pire ! Les odeurs m’incommodent, je crois que mon nez n’a plus l’habitude.
Pause à 16h : deux bananes, quelques oléagineux et fruits secs.
Le soir : Si durant la journée j’ai tenu à suivre strictement mon régime frugivore pour des raisons de bien-être, de confort et parce que je voulais en faire une expérience à part entière, le soir je me suis laissée aller à manger ce qui me faisait envie : une mangue en début de repas, de la soupe, de la salade et crudités, une fine lamelle de fromage juste pour le gout (le truc auquel je ne peux résister mais que mon corps ne supporte plus du tout) un tout petit morceau de brioche faite maison et un fond de verre de vin blanc mais ça j’aurai pu m’en passer, je n’ai pas apprécié.
Il y avait des pâtes à la crème, du saumon, du jambon, du pain, des yaourts etc… tant de choses qui ne me donnent plus envie. Le pire étant les pâtes. Autant je les ai trouvées jolies dans leur emballage en plastique (c’était des papillons colorés aromatisés à la tomate et à l’épinard), autant je les aies trouvées repoussantes une fois cuites et toutes délavées.
Un jus pomme/céleri/ashwagandha pour terminer cette journée.
Jour 2 :
Réveil vers 6h30 : une énergie au top ! Un jus Quinton/spiruline et quelques myrtilles en guise de petit-déjeuner avant le départ prévu à 8h30.
Pause de 11h30 : deux bananes et quelques dattes
Pause de 12h30 : un bon melon (le tout premier de la saison !) arrosé de Quinton. Mûr à point, un délice !
Et plus rien jusqu’à 17h.
Bilan de ma première randonnée en mode frugivore :
C’était une première pour moi que de me délester totalement de toutes ces habitudes prises durant ces 20 dernières années. Et je n’ai pas regretté ! Une énergie au top du matin au soir, une digestion très facile sans coup de barre. D’ailleurs, ça m’a fait bizarre de ne pas sentir cette habituelle sensation de lourdeur après la pause du midi qui nous fait redémarrer la marche lentement. Cette légèreté est vraiment agréable.
Un transit au top !! Généralement après des heures de route, des changements d’habitudes comme dormir hors de chez soi, j’avais tendance à la constipation ce qui est très inconfortable quand on marche, sans parler des répercussions sur le mental. De ce côté-là tout est réglé
Mon sac était un peu lourd, j’ai emporté trop de fruits parce que je ne savais comment mon corps réagirait avec l’effort, au final je me suis contentée de peu et sans aucune restriction.
Depuis quelques années déjà je n’ai plus beaucoup de symptômes allergiques, ni de maux de tête mais j’avais encore des douleurs articulaires. Cette année, je n’ai rien eu. Évidemment, plus aucun cachet… ni pour dormir, ni pour survivre (lol), c’est très appréciable.
J’ai remarqué aussi que mon intuition et ma perception du subtil s’aiguisaient. D’habitude je peine à me connecter aux énergies de la nature lorsque je suis dans un groupe qui n’est pas spécialement branché sur ce genre de choses. Et bien là, c’était plus naturel et j’ai même vécu une petite expérience sympa sans savoir si elle sort de mon imaginaire ou si c’était vraiment réel. Mes perceptions s’aiguisent dès lors que je ne mange que des fruits.
Une meilleure sociabilité :
Je me suis sentie également beaucoup plus sociable qu’en tant normal. Pour vous donner un exemple, lorsque tout le monde s’affole aux tâches ménagères, je reste en retrait par manque de repères, parce que je n’arrive pas toujours à bien coordonner mes mouvements. Cette fois-ci, je me suis impliquée tout naturellement dans les tâches (vaisselles, ménage etc…) avec une bien meilleure clarté d’esprit et coordination des mouvements. D’ailleurs, j’ai même eu des difficultés à rester assise sur ma chaise, tant j’avais ce besoin de bouger. Et puis, depuis que je vis parterre au quotidien, je n’apprécie plus du tout les tables et les chaises que je trouve fortement inconfortables.
A mon grand étonnement, je n’ai pas eu de remarque de la part des autres personnes. Faut dire qu’ils commencent à avoir l’habitude… chaque année je collectionne une bizarrerie de plus… ou bien peut-être ont-il inconsciemment perçu que j’étais plus à l’aise.
Avant on m’aurait dit des choses du genre : « pour une fois, tu peux bien faire une exception ». Oui bien sûr que je peux faire des exceptions et même que j’en fais souvent, très souvent. Mais je choisis le bon moment. Faire un écart un soir en ayant prévu de glandouiller le lendemain toute la journée ne me pose aucun problème. Faire un écart une veille de randonnée en sachant très bien que je prends le risque de mal dormir, d’être vaseuse au réveil et de n’avoir aucune énergie durant la journée avec des répercussions sur le mental, c’est être un peu maso.
Conclusion… vive la randonnée en mode frugivore !
J’A-DO-RE!!!
Génial de chez génial ton article. J’ai juste expérimenté les fruits durant des phases de 3 à 4 mois. Et sérieux… à part que je maigris (et j’aime pas ça maigrir!!) mais l’énergie des fruits est juste exceptionnelle. Il faut tester pour faire un vrai feed-back .
L’énergie et la conscience des fruits sont à un niveau qui dépasse ce que l’on peut imaginer.
Bref… article au top (comme souvent).
Oui c’est clair ! Ça donne une sacrée énergie si on les tolère bien ! Mais faut pas avoir un organisme trop épuisée non plus sinon c’est plus difficile… et oui, le risque est de maigrir ! En tout cas, c’était une fabuleuse expérience ! Merci pour ton commentaire !