Hey ! Je suis très contente de vous retrouver pour partager la suite de nos aventures sur le chemin de Compostelle ! D'Espalion à Cahors, nous avons parcouru plus de 180 kms avec la tente et tout notre matériel sur le dos comme l'année précédente, avec néanmoins une petite nouveauté : l'initiation au bivouac.
Spoiler alert ! Cet article contient de nombreuses photos. Si tu prévois de faire le chemin de Compostelle d'Espalion à Coahors par le GR 65 et que tu ne veux pas voir ce qui t'attend, passe ton chemin !
More...
Si tu veux lire ou relire mes aventures de l'année dernière, c'est par ici : Mon chemin de Compostelle de Puy-en-Velay à Conques.
D'espalion à Cahors : un départ plus serein
Vous vous souvenez, l'année dernière nous avions été retardées par l'arrivée tardive de notre matériel. Sans parler de la pression des mesures sanitaires... Nous sommes parties dans le stress, ne sachant pas du tout ce qui nous attendait.
Après une première expérience, de nombreuses appréhensions se sont envolées, le matériel étant prêt, il ne restait plus qu'à trouver un transport à bon prix pour rejoindre notre lieu de départ, à savoir Estaing.
Le transport s'avérant plus compliqué que prévu, nous décidons au dernier moment de partir d'Espalion, soit une étape avant Estaing.
Après réflexion, ce n'est pas plus mal. C'est une manière de guérir les blessures physiques et émotionnelles et d'évacuer la colère et la déception ressenties durant cette étape, l'année précédente.
Nous quittons donc Bar-le-Duc le 26 juillet en fin d'après-midi, faisant une brève halte à Paris le temps de changer de gare, avant de rejoindre notre train de nuit en direction de Rodez !
Et c'est parti pour de nouvelles aventures !!!!
Jour 1 : de Rodez à Estaing par Espalion
Première expérience du train de nuit en wagon-couchette. Nous avons opté pour la première classe pour plus de confort, cabine pour femmes uniquement. À quatre personnes, nous sommes déjà un peu à l'étroit alors je n'ose imaginer à six !
Néanmoins, ce n'est pas désagréable du tout. Je me sens doucement bercée... et je m'endors sans difficulté.
Nous arrivons à Rodez au petit matin. Quelle joie ! Le ciel est bleu derrière les quelques nuages qui vont rapidement disparaitre et le soleil est au rendez-vous.
Nous prenons le bus et nous arrivons à Espalion vers 8h.
Espalion est une très jolie ville riche en histoire. C'est ici par exemple que fut mis au point le première scaphandre, testé dans la rivière avec les prisonniers.
Nous retrouvons nos repères, nos souvenirs de l'année dernière, les bons comme les mauvais. Ce moment où j'ai poussé ma mère à poursuivre le chemin alors que sa jambe lui faisait mal. La culpabilité ressentie d'avoir été trop loin... bref, toutes ces moments douloureux qui remontent à la surface et que nous ferions bien d'évacuer !
Nous ne prenons pas le temps de visiter le reste de la ville, car je tiens à être Estaing le plus tôt possible pour la visiter du château !
(Et oui, je commence déjà à avoir mes exigences, au lieu de me laisser porter... mais ça ne va pas durer, l'univers va me rappeler à l'ordre ).
C'est un plaisir de reprendre le chemin, même si nous connaissons déjà ce petite bout, notre regard est différent. Il y a bien sûr plus de légèreté et plus d'énergie physique.
Nous retrouvons l'église de Saint-Pierre Bessuéjouls. J'adore ce lieu qui a l'étonnante particularité d'avoir une chapelle au première étage ! Je n'ai encore jamais croisé d'église de la sorte. Ma mère est ravie de la visiter, sa jambe ne l'ayant pas permis de le faire l'année dernière.
Et dire que Sylvie de Radio Camino est passée ici-même la veille ou l'avant-veille. À un ou deux jours près, nous la rencontrions de nouveau ! Ah parce que oui, je ne vous ai pas dit ! Nous avons eu le plaisir de rencontrer Sylvie au printemps dernier, proche de chez moi, cheminant sur la Via Arduinna. Vous pouvez voir la photo souvenir sur mon Instagram.
Vives les synchronicités !
Je remets des photos de cette magnifique église d'une jolie couleur rose. J'adore la chapelle en hauteur, elle dégage beaucoup d'énergies avec ses colonnes de pierre. C'est un lieu très serein.
Il y a toujours autant d'offrandes et de prières sur l'autel...
Allez, c'est l'heure de prendre la route, nous avons du chemin à faire jusque Estaing ! Refaire ce chemin qui nous semblait Ô combien difficile l'année dernière est très apaisant. Et on se rend compte qu'il n'y a aucune difficulté. Bien au contraire, il est très doux. Comme quoi, c'est une question de perception et de condition physique...
L'église de Trédou : c'est précisément ici que nous nous sommes arrêtées l'année précédente. La dame du camping d'Estaing était venue nous chercher en voiture, ma mère ne pouvant plus marcher.
Cette année, nous faisons une simple halte, trouvant un petit coin à l'ombre pour manger. Il fait chaud... très très chaud et tout est sec !
A partir de là, l'inconnu commence... ou presque ! Nous traversons de jolis petits hameaux comme celui-ci avec sa jolie chapelle privée mais ouverte au public.
Quel plaisir d'arriver à Estaing à pieds cette fois ! L'arrivée avec la vue sur le château est très jolie ! Nous sommes fière de nous ! Le début du chemin se passe super bien, la motivation est là et les conditions physiques aussi.
Nous arrivons au château mais il est trop tard pour faire la visite guidée qui nous aurait fait découvrir une partie que nous ne pouvons pas voir en visite libre. Tant pis, nous nous contenterons de ce qui nous est accessible : quelques pièces du château et l'exposition sur Valéry Giscard d'Estaing.
J'adore visiter des châteaux !
Une fois la visite terminée, direction l'église. Je dépose un petit livre d'EFT dans ce petit compartiment vide...
Tu te souviens que l'année dernière, j'avais emporté avec moi 10 petits livres d'EFT à semer en chemin. Il m'en restait trois alors je continue mon labeur de semeuse cette année aussi.
On continue notre aventure. Nous étions censées commencer doucement pour laisser le temps au corps de s'habituer mais nous sommes tellement excitées de reprendre le chemin que nous avalons les kms sans fatigue et avec un joie explosive, malgré l'écrasante chaleur !
Bon, il est trop tard pour rejoindre le prochain camping... je sens que nous n'aurons pas d'autres choix que de bivouaquer ce soir. Alors oui, ça fait partie de nos objectifs. Mais nous n'avions pas prévu de l'atteindre dès le premier soir !
Nous nous arrêtons sur une aire de repos pour pèlerins avec tout le confort nécessaire comme tu peux le voir : toilettes sèches, robinet d'eau, banc et même un porte-manteau (ou porte vêtements, porte-sac, porte-bâtons... c'est comme tu veux !).
Le lieu idéal pour faire un brin de toilettes avant la nuit !
Je me mets en mode Sylvie en me lavant en pleine nature, au bord d'une petite route et je ressens une incroyable sensation de liberté !
J'ai tout copié sur Sylvie, j'avoue. Mais c'est parce que sa façon de faire le chemin m'inspire et elle donne des conseils pratiques qui correspondent plutôt bien à ma façon de voir le chemin et à mon mode de vie.
Je me sers de ma jupe comme "sortie de bain" et je commence à me laver au robinet d'eau froide. Cela me met dans une euphorie... heureusement que personne ne passait par là à ce moment. Il se serait dit "mais c'est quoi ces folles" !
Je prends réellement conscience de ce que c'est que la liberté sur le chemin. La liberté de s'arrêter où on veut, de se laisser totalement guider par ce qu'on rencontre en chemin. C'est l'avantage du bivouac !
C'est magique... mais la magie ne va pas durer et l'euphorie va vite redescendre.
L'heure tourne et nous n'avons toujours pas trouvé de lieu de bivouac. C'est notre première expérience et nous ne savons pas trop comment nous y prendre.
On demande à un monsieur qui nous indique un endroit au bord de son étang, mais une fois sur les lieux, ça ne nous convient pas du tout. Il y a des bruits de moteur et du maïs à proximité (donc potentiellement des sangliers).
On marche, encore et encore... la nuit tombe. Nous avons parcouru pas moins de 28 kms aujourd'hui et la fatigue se fait sentir. Nous ne savons pas où nous installer et l'angoisse monte.
Après quelques renseignements, on finit dans une petite clairière entre la route et la forêt... Pour un premier bivouac, on commence fort ! Mais l'avantage, c'est qu'il y a un point d'eau. C'est l'une des premières règles en bivouac, privilégier les lieux avec un point d'eau à proximité.
Difficile de s'endormir. Nous ne sommes pas habituées au bruit de la nature nocturne... c'est effrayant. Le moindre bruissement de feuille et on imagine un troupeau de sangliers qui encerclent la tente !
D'ailleurs, à ce propos, il parait que les sangliers n'aiment pas l'odeur de l'urine humaine. Nous faisons pipi tout autour de la tente...
Sans parler de la peur de la présence humaine... et si un détraqué passait dans le coin ? Je fais quelques recherches sur les forums et je lis des commentaires très rassurants. J'en conclus que même si tout peut arriver, le pourcentage est néanmoins très très faible. Je finis par m'endormir vers 4h du matin au son du chant de la chouette...
Jour 2 : Réveil magique (Golinhac)
Le réveil est magique ! Ma première pensée ? Ouf, j'ai survécu ! Je suis fière de nous et d'avoir réussi à m'être endormie car en lisant les commentaires de ceux qui s'initiaient au bivouac, rares sont les personnes qui passent une bonne nuit. Beaucoup vont carrément passer une nuit blanche.
Nous, on a dormi 3 ou 4h quand même, c'est déjà bien.
On entend le bruit des bâtons des premiers marcheurs qui passent en contrebas... Après un brin de toilette au robinet, il est temps de reprendre le chemin !
Quelle sensations extraordinaires ! Maintenant, il va falloir recommencer jusqu'à ne plus avoir peur. Je ne sais pas si je me sens prête. Cette nuit a quand même était perturbante et mouvementée dans mon cerveau.
On sent la fatigue. Il faut se remettre du voyage, de la marche d'hier et de la première nuit en bivouac ! Avouons qu'on a commencé fort cette année !
Nous rejoignons Golinhac où nous nous arrêtons pour faire un bon repas au restaurant car pas moyen de faire un ravitaillement ici, c'est trop petit.
La galère pour trouver de l'alimentation VG commence. On négocie pour avoir un menu végétarien car rien de prévu à la carte pour les mangeuses de légumes !
Tomates en entrée, omelette & frites en plat principal et tarte tatin il me semble pour le dessert. Le plat principal est lourd à digérer, je crois que ça va être difficile de reprendre le chemin aujourd'hui...
Fatiguées malgré nos 7 kms seulement, nous décidons de nous arrêter ici, au Camping Bellevue qui porte bien son nom !
En campant la tente, nous sommes bien tentées par ne pas mettre la bâche du dessus, laissant uniquement la moustiquaire pour voir les étoiles... c'est l'avantage de cette tente !
Hélas, on va devoir remettre notre idée à une autre fois, il commence à pleuvoir... Ma mère improvise un drôle de dôme pour nous mettre à l'abri car la tente est petite, on ne peut même pas se mettre assise dedans !
Il y avait une piscine mais pas eu l'occasion d'en profiter... dommage ça m'aurait fait du bien mais j'ai raté l'heure de calme et je n'aime pas quand il y a trop de monde... alors je me suis contentée du robinet... c'est bien aussi le robinet... on ne peut pas s'y baigner mais on peut s'éclabousser...
Non en réalité, je lave mon slip pour demain. Et oui, laver son slip, ça fait partie des routines quotidiennes sur le chemin ! (et veiller à ne pas le perdre en chemin aussi... )
Pour le moment, nous n'avons pas rencontré grand monde hormis trois femmes et Pierre, un pèlerin qui fait le chemin... en tongs ! Une bien belle rencontre d'ailleurs. Un être éveillé.
Je partage mon chemin en stories sur Instagram et je me rends compte que ça attire beaucoup de curieux ! On commence à me demander des informations à propos du matériel que j'utilise, comment se mettre en chemin et dépasser ses peurs.
Je ne m'attendais pas à un tel engouement. Si je peux inspirer des personnes et qu'à leur tour elles se mettent en chemin, alors j'en suis ravie !
Jour 3 : dormirons-nous à Conques ce soir ?
Nous quittons Golinhac dans le but de rejoindre Conques pour dormir chez les moines à l'abbaye. Mon ami Xavier m'avait conseillé cet endroit et ça me plaisait beaucoup d'en faire l'expérience.
Nous passons devons une ancienne-future maison. À voir la matériel tout rouillé resté en plan (échafaudage, tracteur, bétonneuse), elle semble être abandonnée depuis des lustres.. c'est bien dommage !
Nous poursuivons notre chemin en direction d'Espeyrac. Au bout de quelques kms je commence à avoir un peu mal à la jambe, au même endroit que ma mère l'année dernière...
Il faut dire que j'ai eu des ampoules dès le premier jour, à cause de la chaleur. Ma marche n'est donc pas stable. J'ai également une plaie au niveau de la ceinture de mon short et du sac qui repose dessus. Ce n'est pas très confortable !
Le temps n'est pas terrible, c'est le seul jour où nous aurons un peu de pluie, pas grand chose mais suffisamment pour sortir les capes durant une petite heure...
Il y a trop de nuages pour que je sorte mon chargeur de batterie solaire. D'ailleurs, c'est le moment de vous le présenter ! J'ai investi dans ce matériel suite à la rencontre de Flora l'année dernière, une pèlerine cheminant en (presque) totale autonomie. Elle en était satisfaite !
Voilà donc à quoi ça ressemble. Deux panneaux qu'on déplie et qu'on accroche au sac grâce à des mousquetons. On glisse la batterie (pas de smartphone) dedans, on la branche et on la laisse se recharger au soleil. Ça fonctionne très bien et j'en suis également satisfaite.
Nous arrivons sur une aire de repos aussi bien aménagée que celle du premier jour et nous tombons sur ce message. La pluie ne l'a pas encore abimé, il semble fraichement écrit !
Je te laisse trouver la réponse !
Nous arrivons à Espeyrac, et j'ai de plus en plus mal. Mais je veux arriver à Conques ce soir et dormir chez les moines ! Je me mets la pression et mon état d'esprit n'est plus le même que les premiers jours.
Il reste encore 12 kms, c'est pas possible, je ne tiendrais jamais jusque là... L'Univers serait-il en train de m’envoyer la même épreuve que celle vécue par ma mère l'année précédente pour me tester et voir si j'ai bien retenu la leçon ?
À savoir, lâcher mes attentes et écouter mon corps pour m'arrêter avant que cela n'empire ?
Nous décidons de nous arrêter 3 kms plus loin, à Sénergues. C'est plus raisonnable. Tant pis pour les moines. Je suis déçue mais il faut que je l'accepte.
C'est l'un de mes problèmes, quand j'ai une idée en tête, je suis omnibulée et j'ai du mal à imaginer et accepter un autre scénario. Alors que je sais pertinemment qu'en lâchant prise, l'Univers me réserve souvent bien des surprises !
Et c'est précisément ce qu'il va arriver ce soir-là.
Arrivée à Sénergues, nous nous installons sur les marches de l'église pour grignoter un morceau au son de la harpe. Un stage était donné à proximité et nous pouvions entendre des sons mélodieux !
J'en profite pour recharger mon portable... dans l'église.
Bénie sois-tu la prise !
Sénergues est un très joli petit village. Nous prenons le temps de boire une boisson chaude et réconfortante au petit café du coin avant de rejoindre l'abri que j'ai repéré sur la carte.
À la sortie de Sénergues, après une big montée, nous arrivons à l'abri que nous avait promis le panneau à l'entrée du village. On peut dire que nous sommes gâtée ! Toilettes et lavabos spacieux, évier pour la vaisselle, tables de pique-nique couvertes et... des prises !
Que demandez de mieux ?
C'est décidé, nous dormirons là ce soir entre le mur et les tables, à l'abri du vent.
Mais nous appréhendons ce deuxième bivouac. Proche du chemin, quelques maisons à proximités, nous sommes facilement repérables... je ne suis pas encore suffisamment expérimentée en matière de bivouac pour savoir si c'est une bonne idée !
Ma mère non plus n'est pas rassurée et elle me sort : "Ce serait bien qu'une femme nous rejoigne !"
Et croyez-le ou non, quelques minutes après, alors que la nuit commençait à tomber et que plus aucun pèlerin ne passait... on entend chantonner une voix féminine.
Elle s'arrête, vêtue d'une petite robe légère et de sandales, telle un esprit de la nature...
Incroyable !
Cette fée, c'est Renata. En totale osmose avec la nature et ce qui l'entoure, elle chemine seule pour quelques jours seulement en s'arrêtant où bon lui semble.
Nous passons une soirée formidable. Quelle bonheur de croiser une femme aussi illuminée que nous ! Avec ce truc en plus qui lui donne cette confiance en la vie. Ce qui allège mes peurs de cette seconde expérience de bivouac !
Nous aurons l'occasion de découvrir un peu plus le monde de la nuit. Et oui, il y a des gens qui marchent la nuit ! Un couple s'arrêtent pour reprendre de l'eau. Ils sont allée à Conques à pieds et rentrent tranquillement à la lumière de la lampe torche. La femme est originaire de Lorraine et voilà que la conversation commence.
Nous passons un superbe moment !
Voyez-vous, si je n'avais pas eu ma douleur à la jambe, nous ne nous serions pas arrêtée ici et nous n'aurions pas rencontré Renata, ni le couple et nous n'aurions pas profité de cette magie du bivouac.
Tout est donc parfait.
Ceci va me servir de leçon pour le reste du chemin. Lâche prise... lâche tes objectifs, lâche tes attentes, fais taire ton mental et laisse ton âme te guider...
Ah, j'allais oublier... La réponse à l'énigme ! En fait, ce sont des scouts installé sur le camp, qui font un exposé sur les pèlerins et récoltent des témoignages.
Le réponse : le mystère
Jour 4 : quand la tristesse se mêle à la joie...
La nuit n'a pas été très réparatrice. Le sol en béton était bien plus dur que l'herbe et avec mon tapis de sol, ce n'est pas confortable. Ma mère a investi dans un matelas gonflable et je pense que je ferai de même pour le prochain chemin...
Nous laissons Renata à son chant. Elle vient de découvrir Ultreïa et s'empresse d'écrire une partition (elle est prof de musique). Quand à nous, nous partons pour Conques ! Je suis tellement heureuse de retourner à Conques, à pieds cette fois, pas en bus !
Nous faisons une halte dans la jolie église de Saint-Marcel, juste avant Conques. Je la trouve emplie d'une belle énergie !
Nous nous approchons de la cité médiévale... Il reste un peu de paysage vert malgré la sécheresse, profitons-en. Car plus nous avancerons, plus il fera chaud et plus la nature sera sèche et aride...
Je suis heureuse de revoir Conques et j'ai hâte d’arpenter ses ruelles avec ses jolies petites boutiques ! Mais ma joie va être de courte durée...
Alors que nous nous installons au restaurant, je jette un coup d'oeil sur Facebook en attendant mon plat. Et j'apprends le décès de Pascal, un habitant de mon quartier bien connu des barisiens. Oh non... pas lui... c'est pas possible...
Je mange mon plat en versant quelques larmes, accusant le coup.
Pascal, c'était un artiste. Professeur de musique, il enseignait la guitare et montait sur scène de temps à autre. Amateur de photos, il errait dans Bar-le-Duc en quête du cliché parfait. Son kif, photographier les pigeons qu'il mettait en scène avec sa touche d'humour bien à lui !
Il était très drôle Pascal. Il me faisait toujours des grands coucous chaque fois que je le croisais en ville...
Il avait échappé à la mort une première fois. D'ailleurs on l'avait cru mort, nous avait-il raconté ! Mais cette fois, c'est bien vrai...
Bar-le-Duc ne sera plus jamais pareil sans toi cher "Pald Pald". Au revoir. Bon voyage vers la lumière.
Conques n'a plus la même saveur tout à coup... même si au final, quelque chose me dit que je suis au bon endroit, au bon moment. Nous allons nous recueillir à l'abbaye.
Nous retournons à la boutique où j'ai acheté un bracelet l'année dernière et j'en choisis un second, avec des pierres cette fois (de la rhodonite), ainsi que de l'encens et deux baumes pour soigner mes maux.
La rhodonite est une pierre liée au chakra du coeur. Elle favorise l'amour et les rencontres. Honnêtement, je ne pensais pas qu'elle agirait si vite...
Dans la boutique, nous croisons à nouveau Renata qui prend part à notre douleur. Elle sait trouver les mots justes. Elle est bien connectée elle aussi... Pas de hasard !
Et en parlant de hasard, je vous ai dit que Renata était prof de musique... comme Pascal ? Synchronicité...
Nous emporterons Pascal sur notre chemin tout le reste de la journée. J'aime accompagner les défunts dans l'au-delà. Ce sont des moments très importants pour moi où ils se passent souvent des choses étonnantes.
Nous faisons un bref tour de Conques, le coeur n'étant plus à la visite aujourd'hui, j'ai besoin de m'éloigner de la civilisation et de retrouver le calme de la nature. Je n'ai pas envie qu'on me voit chialer comme une madeleine et j'ai besoin d'évacuer ma peine rapidement pour ensuite aller mieux.
Nous montons jusqu'à la chapelle St-Roch. Elle est fermée mais elle offre une superbe vue sur Conques.
À la sortie de Conques, nous passons sur un très vieux pont médiéval qui enjambe le Dourdou et nous nous y arrêtons pour tremper les pieds. Je continue de chialer dans mon coin pour évacuer mes émotions.
Voilà, ça va mieux. Je suis prête pour reprendre mon chemin et attaquer la rude montée qui nous attends. Nous croisons un pèlerin d'un âge avancé devant la chapelle de Sainte-Foy, avec un matériel bien usé. Il a dû en faire du chemin !
Sainte-Foy nous accueille dans son antre. C'est étonnant de voir des ornements rose pastel dans une chapelle. En tout cas, je n'ai pas l'habitude d'en voir. Mais la raison est simple, Sainte-Foy était encore une enfant au moment de son décès.
Je vous avais dit que la montée serait rude !
Nous profitons encore de la verdure, tant qu'elle est présente...
Au sommet de la montée, nous rencontrons un couple avec lequel nous blaguons et échangeons sur notre expérience du chemin. Si je les trouve sympa à ce moment-là, ils vont rapidement devenir collants, intrusifs et l'homme ne m'inspira de moins en moins confiance...
Il est samedi soir, nous espérons arriver à Noailhac avant la fermeture du seul lieu de ravitaillement : un restaurant qui fait aussi petite épicerie et dépôt de pain. On espère aussi pouvoir boire quelque chose de frais car il fait très très chaud.
Manque de bol, tout semble fermé ! La patronne, qui s'apprête à quitter sa boutique pour cause de mariage (ils sont aussi traiteur) nous ouvre quand même et nous avons le temps d'acheter un paquet de gâteaux et elle de nous faire deux thés glacés, que nous boirons sur la terrasse. Elle nous indique un endroit pour nous recharger en eau qui venait à nous manquer !
Le couple de tout à l'heure nous rattrape et nous invite à manger en leur compagnie au gite rural mais nous préférons poursuivre notre route. À ce moment-là, je sens quelque chose de bizarre... ils ne m'inspirent pas confiance. Ma mère a le même ressenti.
Nous avons parcouru pas moins de 21 kms aujourd'hui. Il est temps de se poser. Nous rejoignons la prochaine aire de pique-nique aménagée avec tables, toilettes sèches. Il manque néanmoins un robinet d'eau ! Heureusement que nous avons rechargé nos poches !
Nous sommes face à la chapelle St-Roch (oui encore ! Il y en a beaucoup sur le chemin).
Ce soir, nous mangeons les restes et espérons trouver de quoi se ravitailler demain à Decazeville. Il faudra se lever tôt pour arriver avant la fermeture des magasins. N'oublions pas que demain c'est dimanche !
Nous sommes sur les hauteurs, la vue est magnifique ! Il ne fait pas froid mais il y a du vent. On est pas chaudes pour camper la tente ici, qui plus est, en bordure de route...
Et si on dormait... dans la chapelle ?
Et voilà ! Pour notre troisième bivouac, nous nous installons dans la chapelle au pied de l'autel ! Le sol est nettement plus dur que sur l'herbe... mais ça a son charme de dormir dans un tel lieu !
Une fois la nuit tombée, nous bloquons la porte avec un banc. Au moins, si quelqu'un rentre dans la nuit, on l'entendra ! C'est ce qui arrivera en fin de soirée ! Une voiture s'est arrêtée, trois jeunes ont tenté d'ouvrir la porte. J'ai entendu l'un d'entre eux s'exclamer en hochant la porte "Je comprends pas, d'habitude c'est toujours ouvert !"
Oups...
Bon, nous prenons notre courage à deux mains et leur ouvrons la porte. Le jeune homme voulait simplement faire visiter le lieu à ses deux compagnons. Très aimables, nous avons échangé quelques mots et ils ont fait leur petit tour avant de nous souhaiter une bonne nuit.
Se défaire des peurs...
Le reste de la nuit se passe sans problème, je laisse une bougie allumée et même si on sent comme une protection en ces lieux, j'ai quand même un peu les chocottes !
Jour 5 : premier ravitaillement & plongeon dans l'eau !
Le réveil est une fois de plus magique ! Nous sommes toujours vivantes et la bougie brûle encore ! On quitte les lieux avant que les premiers pèlerins n'arrivent. Et par cette chaleur, ils démarrent aux aurores !
Le couple de la veille passe et nous salue... Le mec commence à être un peu trop familier à mon goût et veut nous prendre en photo alors que nous préparions notre sac, à peine réveillées. Nous n'avons pas le temps de réagir que c'est déjà fait. Je le sens de moins en moins.
J'espère qu'ils vont prendre de l'avance, je n'ai pas envie de les recroiser.
Nous poursuivons en direction de Decazeville sous une chaleur étouffante et le chemin est très peu ombragé comme vous pouvez le constater...
J'aime ces petits mots sur le chemin !
Nous traversons un petit lieu bien sympathique créé et entretenu par un bénévole ! Une aire de repos joliment aménagée avec des tables, des toilettes et du café à disposition, le tout en donativo. Mais pas de thé pour moi... snif !
Toujours un paysage magnifique bien que de plus en plus sec...
Et puis, brutalement le paysage change totalement... et devient plus aride ! Saut quantique ? Faille spatio-temporelle ?
Et puis il revient à la normale...
Jusqu'à présent, nous vivons sur nos réserves. J'avais prévu une bonne quantité de provisions de sorte de pouvoir manger assez sainement et éviter de faire une cure de pain/fromage pendant 15 jours !
Mais les produits frais viennent à manquer, il est temps de faire un ravitaillement ! Nous arrivons à Décazeville et nous trouvons un supermarché. Le premier depuis notre départ !
On achète des fruits, concombre, tomate, endive... ce qui est le plus facile à transporter. On recroise notre fameux couple qui ausculte nos sacs posés à l'entrée du magasin. Décidément, ils sont plus en plus intrusifs et d'une manière qui ne me plait pas du tout. Cette fois, on va faire en sorte de les semer pour de bon. Ouf.
On s'arrête sur une table de pique-nique dans un petit square et on étale toutes nos victuailles, ce qui fait sourire les passants !
Nous sortons de Decazeville par une grosse, une très grosse montée, interminable...
Avec la chaleur, j'ai des ampoules, malgré les sandales (choses que je n'avais pas eu l'année dernière, sauf avec la pluie). J'en ai partout et je n'ai pas pris suffisamment soin de mes pieds avant de partir. J'aurais dû les préparer avec la crème Nok... heureusement, j'ai mon baume du pèlerin !
Après cousin machin, je vous présente Dame Ginette (regarde les Visiteurs si t'as pas la réf ). Pas le choix, il faut se protéger du soleil !
Alors que nous continuons notre interminable montée. Un jeune homme nous double et nous le rattrapons quelques mètres plus loin, sous un poirier. On tente d'échanger quelques mots à propos des poires pas suffisamment mûres mais il n'est pas très bavard.
Il reprend son chemin solitaire.
À ce moment-là, je n'imagine pas que mon bracelet en rhodonite est en train d'opérer...
Le chemin donne l'opportunité de retrouver son authenticité. Je trouve que mon visage change et se détend au fur et à mesure.
Nous arrivons à Livinhac où nous cherchons un terrain de camping pour nous reposer. On espère trouver un chalet ou un mobil home, histoire de dormir dans un bon lit douillet ce soir. Ça nous fera du bien.
Je découvre le jeu des galets. Dommage que je n'ai pas vu cela avant car j'en ai aperçus plusieurs en chemin...
Nous arrivons au camping et demandons un chalet. Grâce à notre crédenciale, nous bénéficions d'un prix avantageux destiné aux pèlerins. Si vous faites le chemin, ne l'oubliez pas !
Nous avons parcouru 20 kms. En tenant compte de la chaleur, ce n'est pas trop mal !
Confort 5 étoiles ! Une maison en dur, un lit, une douche, des toilettes, une mini-cuisine... Wahou ! Ça fait super bizarre de se retrouver entre 4 murs !
Et il y a même une piscine. J'en profite même si c'est un peu difficile de me mêler à la population mais finalement j'y arrive. Et je suis contente de moi. J'adore l'eau. Je comptais me baigner dans les rivières ou les ruisseaux mais c'est tout est sec...
Ce soir-là, je me fais un petit massage des pieds style réflexologie plantaire avec les instructions sur papier. Bon, je ne suis pas aussi calée que Le Bipède Serein mais ça fait toujours du bien ! Et j'ai bien l'impression que ce baume du pèlerin est particulièrement efficace, mes pieds se porteront beaucoup mieux les jours suivants.
Jour 6 : rencontre avec l'Archange & synchronicités
Après une bonne nuit réparatrice, nous repartons avec notre maison sur le dos.
Après avoir parcouru 6 kms le ventre vide, nous nous arrêtons pour manger sur une belle aire de pique-nique aménagée à Montredon. Il y a un robinet d'eau et des toilettes sèches. Il fait tellement chaud que ma mère se met en soutif.
Et oui, on n'ose tout sur le chemin !
Voyons un peu ce que nous mangeons. Pour les premiers jours, j'avais emporté des pâtés VG, des boîtes (gros haricots et feuilles de vigne), des graines, des herbes ainsi que du pain serré. Mais une fois les réserves épuisées, il faut bien manger ce qu'on trouve sur place à savoir, du pain et un peu de fromage !
Nous avons aussi des crudités, des endives en guise de salade (facile à transporter) et un melon, acheté à Livinhac.
Une fois rassasiées, on reprend le chemin qui nous mène au coeur du village où nous attend un superbe accueil du pèlerin derrière l'église. Il y a tout ce qu'il faut : eau chaude, eau froide, boissons frâiches, des sachets de thé, du café, du cacao, soupes lyophilisées et même des serviettes hygiéniques pour les femmes !
Ici, le tampon est mis à disposition pour la crédenciale !
Je tombe sur ce flyer, un clin d'oeil à Céleste.... Céleste Grant de la chaïne Bunker Sauvage ?!! Je sais qu'il est déjà passé par là récemment, avec son âne... Mais ce n'est que plus tard que je vais faire le lien avec cette fameuse échoppe !
Je me décide à aller voir l'église, quand même ! C'est pas le tout de se goinfrer... Et je découvre une merveille...
Je la trouve très "médiévale" avec ses magnifiques vitraux colorés et toutes ses statues... Je reste un bon moment là, seule, à me régaler de cette beauté... Je me sens tellement bien dans ce lieu. Il y a de très fortes énergies. Je n'ai plus envie d'en partir !
Je brûle une bougie et je fais une prière... à ma manière. Je pourrais rester dans ces lieux durant des heures...
En sortant, je découvre qu'elle est dédiée à Saint-Michel ! Comme par hasard ! Bon, ceux qui me connaissent savent que j'ai un feeling particulier avec St-Michel ou l'archange Mickaël qui me suit depuis que je suis toute petite. Ces dernières années, je m'en étais éloignée. Et je ne sais pas pourquoi, il revient en force dans ma vie depuis mars de cette année.
Malgré que le chemin soit celui de St-Jacques, St-Michel est très présent... à mon grand étonnement. Ça me plairait beaucoup de tracer un chemin en reliant les lieux dédiés à l'archange.
Nous quittons Montrédon en direction de Figeac. 19 kms, je doute qu'on y arrive ce soir. Nous allons devoir trouver un bivouac.
Nous traversons un petit patelin dont je ne me souviens plus du nom et faisons une halte dans la très jolie chapelle Ste-Madeleine.
Nous croisons les premiers pèlerins de la journée, un groupe de 3 jeunes qui se reposent tranquillement dans l'herbe. Ils sont bien sympas !
Nous faisons une pause un peu plus loin, au bord d'un lac. Nous savourons pleinement cette sensation de liberté que nous offre le bivouac. S'arrêter quand on veut, où on veut sans pression, quel bonheur !
Arrivées à St Felix, nous avons parcouru 19 kms aujourd'hui. On repère le terrain de jeux qui se trouve près des toilettes municipaux avec un robinet, c'est parfait. On y retrouve nos petits jeunes qui vont bivouaquer près de nous. C'est cool ! C'est toujours mieux d'avoir de la compagnie, plus rassurant.
Je vais faire un brin de toilette, à l'abri des regards cette fois !
En discutant avec les jeunes, on apprend que l'un d'entre eux est originaire du village voisin de la ville où j'habite ! Soit à plus de 700 kms d'ici ! On en revient pas ! Quel synchro !
On lui apprend le décès de Pascal, il voit très bien qui il est, ayant eu des amis qui ont appris la guitarre avec lui. C'est fou ! C'est la magie du chemin... Mais lisez bien jusqu'au bout de cet article, car c'est loin d'être terminé.
Comme il ne pleut pas ce soir, on décide de ne pas mettre la toile de la tente, juste la moustiquaire pour pouvoir observer les étoiles sans être dérangées par les moustiques ou autres petites bestioles qui piquent !
Avant de dormir, nous nous offrons une petite balade nocturne dans le village de St-Félix.
Jour 7 : la magie du bracelet en rhodonite !
Le réveil est toujours aussi agréable, surtout sans la toile de la tente ! Je dirais même que c'est magique ! Un chien s'approche... c'est l'heure de la promenade matinale des toutous.
Je dépose un deuxième petit livre EFT dans la boite à livres avant de partir en direction de St-Jean Mirabel.
On profite pour visiter l'église avant de quitter le village de St-Félix. Encore un bel endroit porteur d'énergie.
J'ai déjà ma coquille sur mon sac mais je laisse quelques sous pour les enfants.
Arrivées à Saint-Jean Mirabel, nous visitons l'église, bien sûr ! En même temps, c'est souvent la seule chose que l'on peut visiter dans les petits villages... cela dit, ça reste toujours un plaisir et un grand moment de quiétude.
Près de l'église, nous attend un accueil du pèlerin chez l'habitant : café, boissons fraîches, petits gâteaux... mais pas d'infusion ! Heureusement, j'ai un petit sachet dans mon sac !
C'est étrange, on trouve facilement du café sur le chemin mais pas de thé ou d'infusion. C'est comme si le café était le carburant des pèlerins. Besoin de stimulant ? Je n'en ai pas besoin pour être opérationnelle au réveil même si j'avoue aimer boire une petite infusion bien chaude !
Nous poursuivons notre route en plein cagnard...
Nous voici arrivées à Figeac ! L'entrée dans la ville n'est pas très agréable avec ses rues passantes où roulent voitures et camions. Passer de la pleine campagne à la ville est déstabilisant et surtout fatiguant. J'ai du mal à supporter la pollution sonore.
Le coeur de la ville - le vieux quartier - est bien plus agréable. Nous nous posons sur une place devant l'église, pour prendre nos marques. C'est à ce moment que je rencontre Christine, une pèlerine qui m'offre ce joli galet. Son chemin s'arrête et au lieu d'abandonner son caillou n'importe où - censé rejoindre Compostelle - elle préfère le remettre en main propre à quelqu'un.
J'ai donc un nouveau compagnon de route auquel je prends soin !
Nous allons faire tamponner la crédenciale à l'office du tourisme puis nous revenons à l'église. C'est aujourd'hui l'enterrement de Pascal, nous pensons bien à lui.
Une dame nous accoste pour nous encourager, comme ça, spontanément ! Je suis vraiment surprise par la bienveillance des gens que l'on rencontre sur le chemin. Que ce soit les hôtes des gites et campings, les habitants des villages ou les pèlerins entre eux.
Un peu plus loin, c'est un couple de touristes qui admire notre démarche. C'est marrant, on a l'impression d'être accueillies comme des stars.
Nous nous arrêtons pour manger à la terrasse d'un petit resto qui propose des trucs sains, de type salades végétariennes, bowls. Youpi !
C'est à ce moment-là que nous retrouvons notre inconnu du poirier, vous vous rappelez ? Ce jeune apparemment timide avec qui nous n'avons pas pu discuter.
Il nous reconnait et semble tout heureux de nous voir ! Il n'est plus timide du tout et commence à déballer sa vie avec un français approximatif. On apprend qu'il marche depuis la Pologne avec des passages en stop.
Il nous dit qu'il a tellement marché que ces chaussures sont toutes usées. Ce qui est vrai ! Il s'arrête à Figeac espérant trouver du travail pour pouvoir rester en France... à moins que je ne veuille me marier avec lui, dit-il avant de s'excuser avec un "oh désolé, désolé... c'est le soleil qui me tape sur la tête... mais qu'est-ce que je raconte moi... qu'est-ce que je raconte..."
Les pouvoirs de mon bracelet en rhodonite... je vous l'avais dit !
Il part en s'excusant encore et encore... Je ris. Habituellement, je déteste les dragueurs lourdingues et ce genre de situation mais là c'est dit si gentiment que ça me fait sourire !
Nous profitons de cette pause pour visiter la Commanderie des Templiers. Ce lieu privé et habité est ouvert uniquement durant les vacances d'été. Un très chouette endroit !
C'est l'heure de se ravitailler ! J'ai repéré un magasin bio, le premier sur notre chemin et ça tombe bien car nous sommes à peu près à mi-parcours.
Je vais pouvoir faire le plein d'houmous, de pâtés végétaux et autres bricoles que j'ai du mal à trouver ailleurs !
J'ai également le plaisir de manger ma première "chocolatine" ! Dépaysement culinaire total !
Nous reprenons le chemin en direction de Faycelles où nous espérons trouver de l'eau et un coin pour dormir. Il a fait très chaud, on commence à en avoir marre de cette chaleur...
Arrivées au village de Faycelle, il est impossible de trouver un coin pour planter la tente. Le village est sur les hauteurs, construit sur de la roche. Il n'y a rien pour bivouaquer. De plus, le point d'eau ne fonctionne pas. Nous devons en trouver ailleurs...
Nous ne pouvons pas rester ici. Malgré la fatigue, nous reprenons le chemin et traversons une petite forêt avec des sentiers étroits. Impossible de se poser en ces lieux...
Dur dur...
Nous arrivons à un hameau, la nuit ne va pas tarder à tomber et nous avons 21 kms dans la pattes... On en peut plus ! Ma mère accoste un monsieur, lui demandant s'il connait un coin tranquille pour poser la tente car on désespère... Il nous invite à camper dans son jardin et à nous servir de son robinet d'eau extérieur !
Génial !
Le seul truc, c'est qu'il y a des moustiques, beaucoup de moustiques ! Ils sont supers méchants et je me dépêche de me mettre à l'abri sous la tente. Une fois la nuit tombée, ils se calment...
Pour la première fois, ma mère décide de dormir à côté de la tente, à la belle étoile... elle me prête son matelas gonflable car je commence à avoir mal partout à force de dormir sur mon petit tapis de sol...
Jour 8 : qué calor...
Le réveil est une fois de plus magique avec le lever du soleil ! Les couleurs sont magnifiques ! Nous quittons discrètement les lieux tandis que notre hôte et sa femme dorment encore.
Nous voici dans le Quercy, le pays de la pierre. Nous croisons de jolies petites "huttes" appelées caselles qui servaient de refuge pour les bergers et les brebis.
Celle-ci aurait pu faire un bon bivouac d'ailleurs !
Comme c'est mignon !
Je n'ai pas pu me laver ce matin et j'aimerais bien trouver un point d'eau pour faire un brin de toilette et recharger nos poches d'eau. Nous faisons un détour pour rejoindre le coeur de la ville de Béduer où il est censé y avoir des toilettes publiques et un point d'eau.
Arrivées sur place, l'état des lieux n'est pas joli à voir et pas un filet d'eau ne coule. Un détour pour rien !
Nous rejoignons Gréalou, toujours dans le but de trouver de l'eau, des toilettes, un coin pour se laver... Rien. C'était pourtant indiqué sur le Miam-miam Dodo mais visiblement ce n'est plus d'actualité.
Cette portion du chemin est difficile. Il y a peu de villages, peu de hameaux. Nous sommes en plein soleil, les chemins sont caillouteux... dur dur ! Et l'eau commence à nous manquer.
Le paysage est sec, aride, un peu lunaire... Il reste au moins 8 kms pour rejoindre Cajarc.
Nous parcourons 4 kms de plus. Ma mère commence à se sentir mal, ça devient trop difficile pour elle et nous n'avons plus une goutte d'eau. Elle sonne chez plusieurs habitants mais il n'y a personne.
Elle finit par accoster une voiture - un couple de touristes qui sortaient à peine de leur gite - et leur demande s'ils peuvent nous déposer à Cajarc.
Ravis d'aider deux pèlerines en détresse, le couple nous emmène directement au terrain de camping, en bordure du Lot.
Nous sommes KO, nous avons parcouru 22 kms sous la canicule.
Le camping est familial, il y a toutes sortes d'animaux : canards, chiens, chats, rats... et des fourmis, beaucoup, beaucoup de fourmis !
De l'autre côté du Lot, se tient une guinguette, c'est agréable à entendre. Nous aurions bien été faire un tour dans la ville mais nous sommes épuisées... Ce sera pour demain.
En attendant, notre voisin de camping nous offre de l'eau pour notre "pisse-mémé" du soir, comme il le dit si bien !
Jour 9 : quand l'Univers s'amuse avec toi !
Nous quittons le terrain de camping pour visiter Cajarc et trouver de quoi faire un bon petit déjeuner "à la française" pour une fois ! Jusqu'ici, nous étions au jeûne intermittent. Mais mon SPM arrive et je serais capable d'avaler une assiette de frites ou une bonne fondue savoyarde dès les matin !
Nous passons par l'office du tourisme pour faire tamponner la crédenciale et demandons si on peut trouver un bar ou un resto qui font de bons petits-déjeuners. Je veux la totale ! Pain, beurre, confiture, viennoiserie, jus d'orange, chocolat chaud...
Hélas, ça ne se fait pas ici...
Soit ! Nous achetons des viennoiseries dans la meilleure boulangerie (d'après ce qu'on nous a dit !) et on s'installe à la terrasse d'un bar avec un café pour maman, un chocolat chaud et jus d'orange pour moi.
Et nous papotons tranquillement... J'exprime mon désir un jour d'aller jusqu'au bout du chemin, à Santiago. En effet, j'aimerais beaucoup faire la partie espagnole, ce serait un excellent moyen de progresser en espagnol, langue que j'affectionne !
Ma mère me dit en rigolant : "Tu iras avec ton prétendant !" (Vous savez, le jeune polonais resté à Figeac pour trouver du boulot, à 30 kms d'ici !).
Et bien croyez-le ou non... au moment où ma mère s'exprime, qui donc passe derrière la terrasse ? Lui.
Le truc de fou ! Mon bracelet en rhodonite a encore frappé !
Nous quittons notre terrasse pour visiter Cajarc, son église, ses jolies ruelles. Ça vaut le coup de s'y arrêter !
Nous passons devant cette jolie échoppe du nom d'Ultreïa qui veut dire "Courage, allons toujours plus loin". Cet endroit a l'air super ! Nous nous y serions bien arrêtées si nous n'avions pas déjà fait une halte quelques minutes plus tôt...
Ce n'est que plus tard, en rentrant à la maison que j'ai fait le lien entre cette échoppe et le flyer avec le nom de Céleste écrit dessus. J'apprends qu'il est le propriétaire !
Pendant que nous sommes ici, Céleste chemine en direction de Lourdes avec son âne.
Nous poursuivons notre visite...
Nous quittons Cajarc et nous reprenons le chemin sous une grosse chaleur, une fois de plus.
Comme vous pouvez le voir, il y a toujours des signes qui nous montrent que nous sommes bien sur le chemin...
Vous voyez le clocher là-haut, c'est là que nous allons. Une bonne montée nous attend.
Arrivées sur les lieux, nous visitons l'église.
Nous trouvons un coin d'herbe, derrière l'église, pour manger et se reposer.
Quelle chaleur ! Ces douches gratuites sont les bienvenues...
Il est 17h et nous nous faisons doubler par les premiers pèlerins de la journée. Oui vous avez bien lu... les premiers pèlerins ! Qui voudrait marcher de ce temps-là ?
Ces deux pèlerins, ce sont Thomas et Adèle accompagnée de sa chienne Sydney. Ils se sont rencontrés un peu plus tôt et font un bout du chemin ensemble...
En chemin, nous trouvons une boîte à la porte d'un gîte avec écrit dessus : "Boîte à pèlerins. Servez-vous". C'est génial !
Ce sont les affaires oubliées ou abandonnées volontairement (pour alléger le sac !). Ma mère trouve un short. Et ça tombe super bien car elle avait craqué le sien peu de temps avant !
La magie du chemin, une fois de plus...
Nous arrivons à St-Jean de Laur, à l'accueil du pèlerin. Quel lieu remarquable !
Nous faisons la rencontre de Valérie et Anna. Elles sont toutes les deux en sandales ! Comme c'est rare de croiser des pèlerins en sandales !
Anna vient d'Allemagne, elle a fait tout le chemin à pieds. Elle a croisé Valérie il y a quelques jours qui l'a initiée... au bivouac à la belle étoile ! Et depuis, elle chemine ensemble...
Valérie tient un discours très spirituel, c'est bon de rencontrer des gens avec qui on se sent sur la même longueur d'onde... c'est tellement rare.
Je me sens bien.
Après une halte de plusieurs heures à cause de la chaleur, Valérie et Anna reprennent leur chemin tandis que nous décidons de rester ici pour la nuit. Nous n'avons fait que 13 kms.
Adèle nous rejoint, elle a abandonné Thomas dans un gîte. Elle, préfère le bivouac à la belle étoile. Elle n'a d'ailleurs pas de tente, juste un tapis et sa cape pour se protéger de la pluie au cas où.
Nous pique-niquons avec Adèle et échangeons autour des médecines naturelles et alternatives. D'ailleurs, elle a un régime alimentaire assez similaire au notre, ce qui est rare aussi sur le chemin !
Ce soir, je m'apprête à passer ma première nuit à la belle étoile. Sydney, la chienne d'Adèle monte la garde, je me sens en sécurité.
Le coucher du soleil est magnifique... il laisse place à un ciel étoilé tout aussi beau. J'aperçois des étoiles filantes et ce qui ressemble à une grosse étoile filante bleue !
Serait-ce une météorite ?
Quelle expérience magique !
Jour 10 : la pire pizza jamais mangée !
J'ai peu dormi. Nous avons été réveillées à plusieurs reprises par les aboiements de Sydney qui a sans doute aperçu du gibier. Et puis, c'est encore une autre expérience de dormir à la belle étoile... c'est une étape au dessus sur l'échelle du bivouac !
Le lieu est magnifique et bien équipé : des tables, un abri, un robinet d'eau... Chaque jour, aux alentours de 9h, des bénévoles apportent des boissons, des gâteaux et même des sandwiches sur réservation.
Mais nous ne pouvons pas nous permettre d'attendre jusqu'à 9h, nous devons rejoindre la prochaine ville pour faire un ravitaillement avant la fermeture des magasins.
Avant de partir, je fais ma petite lessive du jour !
Nous reprenons le chemin et traversons des hameaux désertiques. C'est un peu tristounet...
9 kms plus tard, nous arrivons à Limogne-en-Quercy. J'ai repéré un petit supermarché mais avant d'aller faire les courses, on s'arrêterait bien pour manger !
Quelques restaurants mais rien de végétarien au menu (ni de plats végétalisables). Des menus uniques et plutôt gastronomiques. On se rabat sur une brasserie qui propose des snacks. On choisit la pizza mozzarella, seule alternative VG.
Et bien, je ne vous la recommande pas ! Une vulgaire pizza décongelée, dégueulasse, toute molle, servie dans un carton avec des couverts jetables... Chère pour ce que c'est ! De plus, l'endroit est placé à un carrefour hyper bruyant...
Nous achetons le dessert en boulangerie, chez Mr et Mme Cahors, qui habite route de Cahors. C'est drôle ! Nous ne sommes pas déçues par leurs pâtisseries !
Un pèlerin s'arrête aussi pour manger, ma mère le remarque, mais pas moi. Si je vous en parle, c'est parce que nous le recroiserons plus tard et même jusqu'au bout du chemin !
Maintenant, direction le supermarché. Zut, il est fermé... On se repose un peu, allongées sur l'herbe sèche, histoire de digérer la satanée pizza...
Nous reprenons le chemin qui redevient plus agréable et ombragé. Toutes les petites caselles (huttes en pierre) qui tombaient en ruines sont en train d'être restaurées, ainsi que les bordures du chemin.
Nous tombons sur un dolmen. Il parait qu'il y en a beaucoup dans cette région !
8 kms plus tard, nous arrivons à Varaire, un joli petit village. Nous prenons une chambre au très beau gîte des Marronniers. Un peu de confort n'est pas de refus !
Le gîte est superbe avec son restaurant et ses dépendances. Nous sommes logées dans une maisonnette avec des chambres individuelles et une cuisine commune.
Jusqu'ici, tout semble parfait ! Mais... il y a un mais !
Nous sortons faire quelques courses. L'épicerie est minuscule et les produits très basiques. Que des aliments que nous ne consommons généralement pas... On finit par prendre des oeufs et une conserve de pois cassés, ça fera du bien de manger chaud !
De retour à la cuisine du gîte, les galères commencent... toute la cuisine est grasse, les ustensiles, la vaisselle, le four, le micro-onde... On ne peut rien toucher sans avoir de la graisse sur les doigts...
La gazinière ne fonctionne pas. Il manque des casseroles, la poêle est restée dans le four avec une épaisse couche de l'huile à l'intérieur.
On hallucine ! Et personne ne semble s'en soucier... les autres gens mangent au restaurant. À croire qu'il n'y a que nous qui somment en autonomie alimentaire ?!!!
Nos voisins de chambre tentent de nous aider à allumer le gaz, impossible... une pièce est cassée. Franchement pour le prix on s'attendait à quelque chose de correct ! Ce que je ne comprends pas, c'est que tout le reste du gîte a l'air impeccable !
Comment va-t-on faire cuire nos oeufs ?!! On ne peut pas les emporter dans notre sac à dos demain... faut trouver une solution...
Ma mère avertit la propriétaire qui semble désolée... elle nous propose de faire cuire les oeufs et réchauffer la verrine de pois cassés dans sa propre cuisine.
Elle nous rapporte le tout assaisonné et accompagné de tranches de melon. Elle a l'air débordée cette pauvre femme... elle s'occupe de tout, toute seule.
Nous sommes vraiment déçues de la prestation de ce gîte... qui avait l'air si chouette !
Jour 11 : toujours chercher au delà des apparences...
Après une bonne nuit de sommeil - que c'est bon de dormir dans un vrai lit - nous descendons à la salle du petit-déjeuner qui se trouve dans la cuisine d'une autre maisonnette. Une famille occupe les lieux, il n'y a plus de place. Nous reviendrons plus tard.
Je vais prendre ma douche à la salle de bain. Le plafond tombe en lambeaux... décidément...
Nous retournons à la cuisine, censée être vide, où un monsieur torse-nu, au ventre proéminent qui fait sa petite vie comme s'il était chez lui... Mais qu'est-ce que c'est que cet endroit ?
Et en effet, il était bien chez lui ! Enfin, il loue la chambre accolée à la cuisine en échange de l'entretien. Et commence alors une discussion qui va nous faire changer d'avis sur le bonhomme et sur le lieu !
On lui raconte nos déboires de la veille. D'un air très jovial, il nous explique que le gite a été occupé par une famille, hébergée gracieusement durant plusieurs semaines par la propriétaire. Ils ont fait des dégâts, beaucoup de dégâts... Débordement de la baignoire (d'où le plafond qui tombe en lambeaux), oublis de casseroles sur le feu etc etc... et il cuisinait gras, très très gras.
Ils ont quitté les lieux il y a à peine une semaine et la propriétaire n'a pas eu le temps de remettre tout en ordre. S'occupant en priorité de l'urgence (le débordement d'eau), elle était loin de s'imaginer l'état de sa cuisine qu'elle a découvert en même temps que nous !
Il rit et compatit à nos malheurs ! De notre côté, nous sommes soulagées d'apprendre la vérité. Sans quoi nous serions reparties avec une très mauvaise image du gîte.
Déstabilisées par toutes ces préoccupations et ces interactions sociales, je prends le mauvais GR en sortant du gite...
Nous avons déjà bien cheminé quand je m'en aperçois et je propose à ma mère de continuer car on arrivera quand même à destination de Bach, mais par un autre chemin.
Et c'est pas plus mal car le chemin est très mignon ! Nous passons par un hameau avec un magnifique lavoir qui sert de piscine naturel à Yann, un homme qui vit au autonomie avec jardin, potager etc... C'est lui qui l'entretient.
Nous discutons avec un habitant du village qui prend des photos. Il nous conseille d'aller voir les puits. Ils sont surprenants par leur taille et leur forme !
Une fois de plus, il fait très chaud... mais le chemin n'est pas désagréable. Il est très bien entretenu, offre des endroits pour se poser, avec des robinets d'eau, des toilettes, parfois même des boites à livres...
Nous ne sommes plus très loin de Cahors. Notre objectif est de nous rapprocher le plus possible pour y arriver tranquillement demain dans la matinée et faire les derniers kilomètres en douceur.
La civilisation approche, on passe en dessous de L'Occitane, l'autoroute A20. Oh comme ça fait bizarre de voir ces caisses roulantes ! Un autre monde... On réalise qu'on se rapproche de la fin et qu'on ne va pas tarder à retourner dans cette vie moderne, rapide et bruyante... snif.
Nous arrivons enfin au stade de Flaujac-Poujols, dernier point d'eau avant Cahors. C'est ici que nous allons dormir ce soir après avoir parcouru 26 kms. Une jeune fille est déjà sur les lieux. Elle dormira ici avec nous.
Cette jeune fille, c'est Céline, 20 ans. Elle est partie sur le chemin après avoir vu une vidéo de Suzanne de l'Instant Vagabond sur Youtube. Céline est paumée... elle cherche un sens à sa vie. Elle fait des études d'ingénieur pour faire plaisir à Papa et Maman. Mais ça ne l'inspire pas. Elle espère trouver des réponses sur le chemin.
Nous nous installerons dans le stade à la tombée de la nuit...
Alors qu'il fait totalement nuit, des voitures se garent près de l'entrée du stade. On entend le bruit des portières qui claquent, des rires, du mouvement... Nous ne sommes pas rassurées, vraiment pas rassurées...
D'autant que nous sommes isolées, pas de maison à proximité et nous sommes relativement proche de Cahors. On se sent moins en sécurité que dans les bois ou les petits villages...
Les personnes se dirigent vers le centre du stade, on prie pour qu'ils ne nous voient pas... on entend encore des voix, des rires... puis plus rien...
45 minutes de stress plus tard... Céline, installée un peu plus loin, sort et allume sa lampe torche...
D'un coup, tout le monde se lève et court vers les voitures, enroulés dans leurs couvertures ! Nous pouvons alors voir que ce n'étaient que des familles venues regarder les étoiles avec leurs enfants...
Jour 12 : arrivée à Cahors !
Nous sommes toujours vivantes, tout va bien. Céline aussi. On partage notre expérience de la veille et elle ne s'est même pas rendue compte que c'était elle qui a fait fuir toute la tribu avec sa lampe !
Elle avait bien entendu du bruit, mais occupée à regarder des séries sur son téléphone, elle pensait que c'était nous qui nous amusions au milieu du stade...
Bref, encore un souvenir amusant à raconter ! Et des peurs qui s'envolent...
Cette dernière étape n'est pas une partie de plaisir. Il y a beaucoup de cailloux, peu d'ombre et bien sûr il fait toujours aussi chaud. Nous qui pensions finir tranquillement notre chemin sur une note positive, ce n'est pas aussi agréable qu'on l'avait imaginé !
La descente sur Cahors est rude et interminable ! Et nous ne serons pas les seules à nous en plaindre ! Si vous avez l'opportunité de prendre la voie du Célé - une variante du GR65 - c'est sans doute une bonne idée, du moins d'après les retours que nous avons eus !
C'est l'heure pour moi de déposer mon galet... je ne sais pas où le mettre, je n'ai trouvé aucun endroit sympa durant cette dernière étape et ça m'embête de le laisser à Cahors... Alors je le laisse au bord du chemin, bien en évidence.
Je ne sais pas s'il a été ramassé, en tout cas je ne l'ai jamais revu sur le groupe Facebook Trouve mon galet St-Jacques, je ne sais pas s'il a rejoint Santiago...
Je lance un appel ! Si quelqu'un a vu mon galet, faites-moi signe !
Mise à jour : j'ai eu des nouvelles de mon galet, il a continué son chemin au moins jusqu'à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Nous arrivons à Cahors...
Arrivées sur le pont qui mène au coeur de la ville, nous sommes accostées par la dame de l'accueil du pèlerin. Elle tamponne la crédenciale et nous offre de quoi nous désaltérer ainsi qu'un petit en-cas. C'est trop cool ! Puis elle nous oriente vers un gîte tout récent et moins cher que l'auberge de jeunesse où nous comptions nous arrêter.
Elle appelle le proprio et s'occupe de la réservation, c'est génial...
L'hôte s'appelle Jacques. C'est marrant... Il nous invite à poser les sacs puis à revenir à 15h, l'heure de l'ouverture du gite. Ma mère reconnait le sac de Michel posé à l'entrée ! Comme c'est rigolo de se retrouver ici ! Jacques et Michel en plus... les deux saints que nous avons le plus rencontrés en chemin !
On quitte le gite pour nous promener dans Cahors. Nous y étions déjà passées il y a quelques années, un soir de fin septembre et on avait trouvé la ville d'une tristesse... sombre et peu animée.
Je ne sais pas dans quelles énergies nous étions ce jour-là mais notre regard est totalement différent aujourd'hui et nous allons trouver la ville très jolie !
Cela dit, ça fait bizarre de revenir en ville et d'y retrouver la misère... Les personnes qui font la manche, les alcoolos qui tiennent à peine debout... C'est ça qui me choque le plus en arrivant... La misère mais aussi la consommation, toutes ces mêmes enseignes qu'on voit dans toutes les villes... des clones. Je n'apprécie plus.
Nous avons faim et nous n'avons plus notre maison sur le dos, c'est déstabilisant ! Nous avons perdu nos marques, nos repères. Dans la précipitation, nous achetons deux sandwichs dans une grande chaine de boulangerie et ce n'est franchement pas ce qu'il y a de meilleur...
Vives les petits artisans !
Il est 15h, nous retournons au gite pour nous installer. Nous ne sommes pas des habituées des gites pour pèlerins alors Jacques nous explique le fonctionnement.
Les sacs restent dans des casiers en bas et nous n'emmenons dans les chambres uniquement ce dont nous avons besoin. C'est pour éviter une invasion de punaises de lit, ce qui arrive régulièrement sur le chemin.
Le gîte est bien aménagé et très agréable ! Une fois nos marques prises, nous nous sentons comme chez nous ! Ce soir, nous serons seules avec Michel et Jacques bien sûr avec qui nous échangeons notre expérience du chemin.
Après un bon dîner, nous repartons explorer la ville. Chez Jacques, le couvre-feu est à 22h.
J'ai pris des couleurs en 15 jours ! Je crois n'avoir jamais été si bronzée !
C'est vraiment beau Cahors ! Je ne sais pas comment on a pu trouver ça moche il y a 3 ans ! Bon, il est vrai que la saison touristique était terminée, qu'il faisait plus froid et je me demande même s'il n'avait pas plu. En plus, nous nous étions promenées tard le soir, dans les ruelles les plus sombres...
Cette fois, nous sommes agréablement surprises par la beauté de la vieille ville !
Le réflexe de suivre encore les coquilles... et non, c'est terminé le chemin... snif Je ne vous cache pas que c'est difficile à réaliser. On aurait bien continué encore et encore... mais il y a 3 félins qui attendent à la maison.
En parlant de félins, c'est l'heure des chats. J'en croise une bonne dizaine dans les ruelles, au bord des fenêtres, sur les voitures... et une licorne aussi, ce qui est plus rare.
Nous profitons de la ville jusqu'à la tombée de la nuit...
C'est tellement agréable !
Aujourd'hui nous avons fait pas moins de 18 kms en comptant la promenade en ville. Nous rentrant chez Jacques, nous retrouvons Michel qui campe sa tente dans le jardin... tandis que nous dormirons dans un lit bien douillet !
Nous resterons ici deux nuits car nous avons besoin de faire notre "Fisterra". Lorsqu'ils arrivent à Compostelle, les pèlerins sont bien souvent désorientés, perdus... ils vont alors continuer leur chemin jusqu'au cap du Finisterre, à une centaine de kms plus loin, une sorte de bout du monde... C'est une manière de faire la transition entre l'arrivée à Compostelle et le retour chez soi.
Nous faisons notre "Fisterra" à notre manière, en restant deux jours à Cahors avant de reprendre le train en direction de la Meuse.
Jour 13 : notre "Fisterra"
Après une bonne nuit de sommeil, nous prenons le petit-déjeuner avec Michel préparé par Jacques. Les discussions sur des sujets d'actualité sont un peu trop poussées et cela me fatigue.
Au moment de quitter le gîte, je fais un mini-meltdown et je suis totalement désorientée. C'est comme si mon cerveau se mettait sur off. Je ne peux plus prendre aucune décision. Tout s'embrouille...
Je erre dans Cahors comme un zombie et puis petit à petit, je retrouve mes esprits.
Nous nous arrêtons chez Mets Saisons pour goûter leur délicieuses tartes salées. C'est super bon, réalisés avec des produits frais et locaux en provenance du marché et franchement pas onéreux pour la quantité et la qualité !
Pour 3 euros de plus que la pizza dégueulasse de l'autre jour, nous avons un plat de qualité ! Et que dire du dessert...
Nous reprenons notre balade, cette fois en suivant un parcours touristique sur le plan trouvé à l'office du tourisme.
Cette magnifique horloge fonctionne avec des billes de flipper et un mécanisme super élaboré !
Notre curiosité nous emmène jusqu'au cimetière. Ce ne sont pas du tout les mêmes tombes que par chez nous ! Elles sont presque toutes en hauteur, certaines avec des toits de taule. Les noms aussi diffèrent de nos patronymes lorrains !
J'aime bien parcourir les cimetières...
La porte de Diane (ou portail des temples romains).
J'ai trouvé que le cinéma était joli, il se fond bien dans le décor. Et le contraste avec le ciel bleu est sympa !
Il y a un beau patrimoine à Cahors !
Nous passons par l'église et son cloître...
Et nous nous enfilons dans les petites rues étroites...
Un bar très insolite... il y a des amateurs de tricot dans les parages...
Le parcours touristique nous conduit jusque dans le parking souterrain où on peut y "admirer" quelques vestiges d'un amphithéâtre gallo-romain dans une atmosphère bien polluée... Attention à ne pas vous faire écraser, les voitures ne sont pas loin.
En réalité, ça ne vaut pas le détour...
Je mangerais bien des frites moi... je repère ce food truck pour plus tard
Le très joli pont de Valentré !
De l'autre côté du pont, se trouve le musée de l'eau aménagé dans un ancien moulin. Le lieu est très chouette et l'exposition très intéressante ! Et en plus la visite est gratuite. Je vous la recommande !
Vue du pont Valentré depuis le musée.
La visite se poursuit jusqu'à la fontaine des Chartreux.
Quelle magnifique vue !
Ce soir, Jacques nous attends pour manger avec Michel et 3 autres pèlerines. Mais je ne peux m'empêcher de commencer mon repas dès maintenant en retournant au camion à frites...
Il est 19h, nous avons quand même parcouru 13 kms rien qu'en flânant ! Nous retournons au gîte et faisons la connaissance de Julia, Béatrice et sa fille Zoé qui viennent de Toulon et qui terminent également leur chemin.
Après le repas, les hommes partent se coucher tandis que nous restons entre filles. Et s'ensuit une soirée inoubliable où nous avons bien rigolé sur les différences culturelles entre la Meuse et le Sud !!!
Nous avons eu le droit, entre autre, à une magnifique description des "cagoles" du sud.
Après cette partie de rigolade, il est temps d'aller se coucher. Ce soir, nous ne dormirons pas seules. Ludovic se joindra à nous dans notre chambre/dortoir de 3 places.
Jour 14 : jolie synchro & retour dans la Meuse...
Nous déjeûnons en compagnie de Ludovic et Michel. Jacques s'occupe du petit-déjeuner, sa femme, Bisette, sort du Covid, elle est encore confinée, nous n'aurons pas l'occasion de la voir. C'est dommage !
Michel a reçu des soins et pansé sa cheville, il va continuer le chemin à son rythme. Ludovic a terminé et reprend le même train que nous, en direction de Paris.
Il est 9h et nous devons quitter le gîte. Mais notre train n'est qu'à 12h41. Jacques nous propose de laisser nos affaires ici jusqu'au moment de prendre le train. Je lui dis que nous reviendrons les chercher à 11h45. Il essaie de me persuader de venir les chercher plus tard... la gare est proche, nous aurons largement le temps d'y aller.
Mais non. Malgré son insistance, je reste campée sur ma position et la suite va me donner raison !
Nous faisons une dernière promenade à travers les rues de Cahors...
Nous passons devant la boutique de Madhi, un chausseur qui semble être connu des pèlerins. Ma mère le suit sur les réseaux sociaux alors elle en profite pour aller lui faire un coucou.
Voilà, après une marche de 8 km, il est temps de retourner chercher nos affaires chez Jacques. En sortant du gîte, alors que nous prenions la direction de la gare, au coin d'une rue nous tombons nez à nez avec... le jeune de Bar-le-Duc et son amie (ils ont perdu le troisième en route) !
Ça faisait une semaine au moins que nous ne les avions pas revus ! On reste tous les 4 scotchés par la synchronicité... Nous ne sommes même pas dans le quartier touristique, c'était quasiment improbable de se rencontrer ici !
Comme quoi... si j'avais écouté Jacques, si nous étions venues chercher nos affaires plus tard, ça ne serait pas arrivé... Généralement quand j'ai une idée fixe et que j'en démord pas sans savoir pourquoi, c'est qu'il y a une bonne raison !
Les jeunes ont le désir de continuer jusqu'à Compostelle. C'est tellement chouette !
Arrivées à la gare, je laisse sur mon siège le dernier petit livre d'EFT...
Il me reste suffisamment d'argent de ma cagnotte "spéciale Compostelle" pour m'offrir une petite boisson chaude dans le train. C'est hors de prix mais j'ai envie de me faire ce plaisir et en plus il propose des Rooibos, cool !
Il sera un parfait accompagnement aux délicieuses tartelettes aux noix achetées à Cahors.
Nous faisons une brève halte à Paris, le temps de changer de gare... ça me donne envie d'y retourner ! Cela fait longtemps que je n'ai pas erré dans Paris !
C'est le grand déballage ! Les restes feront très bien l'affaire en guise de repas et allègeront encore un peu plus nos sacs.
À notre droite, une nana nous intrigue. Elle sort du lot de part son comportement et look très nature. Elle sort sa baguette de pain, son gros morceau fromage, ses tranches de jambon, son couteau et commence à faire son sandwich. À l'ère de la consommation du tout prêt sous emballage plastique, c'est rare de voir ça de nos jours !
Je l'observe. J'aime bien observer les gens. Un long moment plus tard, elle se retourne, je lui souris.
Elle nous dévisage et entame la conversation en disant : "Vous avez fait le chemin non ? Une personne qui me souris ne peut qu'avoir fait le chemin... " dit-elle en riant !
C'est drôle. Les pèlerins c'est comme une grande famille, on se reconnait entre nous et les liens se tissent rapidement. Faut dire qu'on redevient naturel, authentique au moins pendant quelques temps et ça se remarque...
J'adore...
Et voilà ! Retour à Bar-le-Duc... comme ça fait bizarre...
Je réalise que je ne croiserai plus Pascal...
Le mot de la fin...
Que dire de cette aventure si ce n'est qu'elle fut aussi initiatique que celle de l'année précédente mais à d'autres niveaux. Je suis très heureuse et fière d'avoir osé le bivouac... et pas qu'une fois en plus !
J'ai adoré cette sensation de liberté qu'offre le bivouac. Ne pas être tenue par des contraintes horaires, pouvoir s'arrêter où on veut, quand on veut, en fonction de notre ressenti du lieu, des personnes déjà présentes ou non.
Bien sûr, ça demande plus de matériel, de vaincre ses peurs, de lâcher prise et une bonne dose de confiance en la vie. Mais ça en vaut la peine !
J'ai encore une fois de plus apprécié la bienveillance des personnes que l'on rencontre sur le chemin, que ce soit les hôtes, les habitants des villages ou encore les pèlerins.
Le retour a été très, très difficile. Il m'a fallut au moins 15 jours pour m'en remettre et me reconnecter à ma vie de tous les jours. J'ai eu beaucoup de mal à retrouver cette bienveillance au quotidien... L'envie de dire bonjour à tout le monde, de leur souhaiter un "buen camino", suivre les GR, repérer le parfait bivouac...
Bon, ce qui est certain c'est que je suis déjà prête à repartir !
Et je sais qu'un jour j'irai jusqu'à Santiago, avec ou sans mon prétendant !
Quelle belle aventure !
Le chemin de Compostelle se mérite et il faut beaucoup de courage et de persévérance pour le parcourir !
Mais il réserve tant de bonnes surprises que le Pèlerin ne veut jamais s’arrêter !
Cà me donne envie !
Merci pour ton commentaire tonton ! Oui, une superbe aventure qui donne envie de continuer encore et encore ! D’ailleurs, je viens de commander le guide pour faire la suite en partant de Cahors jusqu’à Roncevaux. J’ai hâte !
Sinon, un autre chemin qui doit être chouette c’est le chemin de Saint-Guilhem-le-Desert en partant de l’Aubrac !